RELATION DB LA MORT DB MM. DE GUISE.        4-*9
ne se portoit que trop, il se déliberé d'y continuer ; fait à cette fin construire de petites cellules au-dessus de sa chambre, pour y loger, ce disoit-il, des peres capu­cins : et comme une personne qui ne veut plus avoir soin des affaires du monde, s'adonne à des occupations si foibles et éloignées des actions royales, et s'aban­donne à telle nonchalance en la conduite de ses affaires, méme en' un tems où il s'agissoit de la conservation de sa vie et de sa couronne, qu'il paroissoit à vue presque privé de mouvement et de sentiment.
« Là-dessus le duc s'endort : ensorte qu'il croit assu­rément le tenir déjà moine frocqué dans un monastere, comme c'étoit la résolution des conspirateurs. Vous sçavez qu'en ce tems-J'étois merveilleusement tra­vaillé pardevant messieurs des Etats pour l'évêché d'An­gers, de laquelle mon fils (0 avoit été pourvû et mis en possession depuis peu d'années. M. de Guise essaya par tous moyens à me faire des siens, et à me forcer par ses artifices à recourir à sa faveur et à son assistance. Mais ayant vû qu'il ne me pouvoit fléchir, et moi te­nant pour tout certain que si je l'eusse fait, le Roy l'eût sçû, je pouvois faire état de prendre congé de la com­pagnie. Un matin, au lever du Roy, il me donna un coup à mon descu, témoignant au Roy le déplaisir qu'il recevoit de l'injuste poursuite qui se faisoit contre moi et mon fils; et se réjoùissoit de ce qu'à ma priere en cette occasion il auroit le moyen, comme il avoit la volonté, d'assister un personnage si cher à Sa Majesté pour ses services et sa fidélité. Ce coup porta sur mon innocence dans l'esprit du Roy. J'en ressentis les effets
(-) Mon/Us: Charles Miron. Il fut évêque d'Angers en i588, et en 1616 «rcberéque de Lyon.
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